Nous allons fêter le huit centième anniversaire de la naissance de Saint Louis et les siècles effacent souvent les portraits des hommes emblématiques’ Sous la plume vivante et riche de Philippe de Villiers, cette évocation pleine de couleurs, de musiques et de senteurs est donc bienvenue car elle fait revivre, avec empathie, ce personnage extrêmement riche et contrasté qui a tant marqué son siècle et toute l’histoire de France !
Tour à tour roi guerrier maniant les armes au plus fort de la bataille et roi bâtisseur prêtant la main sur les chantiers des cathédrales. Tout à la fois très épris de sa femme et pratiquant veilles et mortifications’ Voilà encore Saint Louis préservant la paix par des concessions à l’Angleterre et se gardant des ingérences indues du pape. Administrant sagement son royaume, il établit baillis et prévôts pour relayer partout le pouvoir royal et il crée une monnaie stable et fiable, l’écu d’or. De surcroît, ce serviteur des pauvres bâtit couvents et hôpitaux et édifie la Sainte Chapelle, écrin de la Couronne d’épines. Il est enfin protecteur de l’Université, organisateur des corporations’ son activité marqua durablement tant de domaines ! Mais plus particulièrement, celui de la justice. En effet il s’employa à retirer celle-ci des mains des grands féodaux afin de séparer le droit de la violence. Il imprima ainsi pour longtemps dans l’histoire de la monarchie française l’image du souverain défenseur des humbles contre l’injustice des forts.
Enfin, après avoir été un roi glorieux, il fut un roi humilié, misérable captif des geôles musulmanes, menacé de torture et livré aux caprices d’éphémères califes’ Pleurant ses compagnons massacrés ou réduit en esclavages, il fur un roi vaincu qui dû renoncer à délivrer Jérusalem.
C’est donc aussi un frère en humanité, qui connut la souffrances sous toutes ses formes, maladies, deuils, incompréhensions, discordes familiales, abandons, doutes, échecs’jusqu’à sa mort pénitente sur un lit de cendres, dans la dislocation de sa seconde croisade.
{Le roman de Saint-Louis} de Philippe de Villiers, Albin Michel, 448p.